Quelle est la véritable patrie de la frite ? La France des « french fries » ou la Belgique des cornets de frites ? Associées dans un projet d’enquête transnationale inédit autour de la patate, les rédactions française de Mediacités, et belges de Médor et d’Apache, ne trancheront pas la question. Trop dangereux. Le risque d’incident diplomatique serait trop élevé.
La passion commune de nos deux pays pour la frite nous a en revanche conduits à nous pencher sur les dessous de la production de sa matière première, la patate. Une culture en plein boom dans nos contrées et qui génère beaucoup d’argent grâce à une puissante industrie de transformation de la pomme de terre. Des groupes tournés vers l’exportation, dont la Belgique et les Pays-Bas se sont faits une spécialité, et qui ont besoin de toujours plus de tubercules.

Notre enquête commune « Les gros sur la Patate » montre comment la demande sans fin des industriels se traduit par une chasse effrénée aux terres disponibles, laquelle, après avoir atteint ses limites en Flandres, s’est étendue à la Wallonie puis à la France. Elle explore les relations d’amour-haine entre les agriculteurs et ces géants de la frite, encadrées par des contrats extrêmement précis, où les patatiers assument l’essentiel des risques économiques. Elle illustre enfin comment la production massive de patates pèse sur l’environnement et les terroirs. La culture de la pomme de terre, lourdement mécanisée, est en effet très exigeante pour les sols. Elle menace de les épuiser. Et sa très grande sensibilité aux maladies nécessite l’utilisation de beaucoup de pesticides. La patate bio reste encore très minoritaire.
Malgré ces points communs, Médor, Apache et Mediacités ne racontent pas les mêmes histoires de pommes de terre. C’est ce qui fait la richesse de ce projet transfrontalier. On vous souhaite de bonnes lectures.
Les enquĂŞtes d’Apache

Le pacte entre la multinationale et le village rural
Le Westhoek tire son sol fertile de la production de pommes de terre. Sur la colline de Nieuwkerke se trouve un acteur mondial de la production de frites surgelées. Trois villageois témoignent sur cette usine gigantesque, plantée au milieu de leurs collines.

La terre est fatiguée
Érosion, ruissellement, pesticides… En Flandres, la pomme de terre ne fait pas de cadeau aux terres agricoles. Focus sur les conséquences écologiques du boom de la culture de pomme de terre.

Un tubercule en or qui ne brille pas pour tout le monde
L’industrie de la pomme de terre place presque tous les risques chez les producteurs. Une rĂ©colte dĂ©cevante peut leur coĂ»ter très cher.

Clarebout, le transformateur de patates qui mange aussi les terres
En Flandre occidentale, dans la Province du Hainaut, le géant de la transformation des pommes de terre a acheté des centaines d’hectares de champs agricoles. Des terrains au pied de ses usines, qui n’avaient encore jamais été cartographiés.

Frite surgelée : les gros mangeurs du complexe agro-industriel belge
Pour assouvir l’appétit mondial pour les frites, plusieurs entreprises familiales belges se sont muées en des géants internationaux de la patate transformée.
Les enquêtes de Mediacités

Bio, fraîche ou en filet : ce que cache une « belle patate »
Si les consommateurs raffolent des frites surgelĂ©es, ils achètent principalement des pommes de terre fraĂ®ches vendues au dĂ©tail ou en grande distribution. Mais beau ne vaut pas forcĂ©ment dire bon… ni bio.

Hauts-de-France : l'Avesnois se rebiffe contre l'invasion des patatiers
Ce territoire d’élevage et de bocage est confronté à une explosion des surfaces cultivées en pommes de terre. Les acteurs locaux s’élèvent contre les exploitants adeptes de pratiques agricoles intensives, dont certains viennent de Belgique et des Pays-Bas.

En France, la frite industrielle impose sa loi Ă la culture de la patate
Depuis 20 ans, la production de pommes de terre transformées affiche une folle croissance, portée par un produit emblématique : la frite surgelée. Un marché lucratif dans lequel s’engouffrent de plus en plus d’agriculteurs.
Les enquêtes de Médor

Mourir sous une tonne de frites
À la Ferme du Passavant, un aventurier de la patate tente une troisième voie entre le bio riquiqui et la culture intensive qui plaît aux géants de la frite congelée. Et qu’en pense le ministre Borsus, confronté à un méga projet près de Mons ? Il semble privilégier l’emploi à la santé. Refrain classique.

Un sol qui s’effrite
Culture traditionnelle par excellence en Belgique, la pomme de terre se plaît bien dans nos terres fertiles. Mais à force d’en planter partout trop souvent, les cultivateurs mettent le sol à rude épreuve. Son érosion menace notre sécurité alimentaire.

Des patatiers découpés par l’industrie
La Belgique est la reine de la frite. Pour devenir numéro un mondial de la patate transformée, nous avons fait exploser la production depuis les années 80. À quel prix ?
Participez Ă notre enquĂŞte
Nous voulons dévoiler ce qui se cache derrière les millions de tonnes de pommes de terre consommées chaque année dans nos contrées. Nous allons remonter la filière de la pomme de terre, du champ à la frite. Et nous avons besoin de vous.
Vous vivez en Belgique ou en France ? Vous cultivez des pommes de terre ou vous travaillez à leur transformation ? Vous êtes riverain·e d’un champ de patates ou d’une usine ? Partagez-nous votre expertise.

Foire aux questions
Pourquoi enquĂŞter sur les pommes de terre ?
La Belgique et la France sont le paradis de la frite. Nos deux pays sont les seuls d’Europe où la surface dédiée à la culture de pommes de terre augmente depuis les années 2000 (et même depuis 1980 en Belgique). Mais comment sont-elles cultivées et transformées ? Et à quel coût, environnemental et agricole ?
Depuis plusieurs semaines, nous partons à la rencontre de professionnel·le·s du secteur et nous épluchons des dizaines de documents confidentiels. Des grands groupes industriels à la surconsommation d’eau, de l’utilisation des produits chimiques à l’accaparement des terres, nous voulons révéler le fonctionnement du modèle industriel de la pomme de terre.
Quels sont les médias à l’origine de cette enquête ?
Trois médias ont décidé de s’allier pour cette enquête :
- Apache, un site d’investigation coopératif basé en Flandres
- Médor, un magazine papier et web coopératif basé en Wallonie
- Mediacités, un site d’investigation qui compte quatre éditions locales en France (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
Dans cette équipe multinationale, on trouve des journalistes qui aiment prendre le temps d’enquêter sur des sujets d’intérêt public. Nous nous appuyons au quotidien sur le public pour trouver des informations, enrichir nos enquêtes et, in fine, produire un journalisme utile.
Par qui cette enquête est-elle financée ?
Par les ressources propres d’Apache, Médor et Mediacités. Et donc par vous : nos trois médias sont indépendants, financés uniquement grâce à leurs lectrices et leurs lecteurs. Pour en savoir plus sur notre fonctionnement, rendez-vous sur nos sites :